En conversation avec Jade Simard - par Maurane Dubois
Le 29 mars 2023
Jade est une designer de mode et artiste textile qui travaille actuellement en tant que pigiste. En 2017, après avoir obtenu son diplôme de l'Université UQAM en design et gestion de la mode, elle a déménagé aux Pays-Bas où elle a travaillé comme assistante-designer tout en affinant l’approche de son propre travail. Maintenant basée à Montréal, elle explore la créativité en travaillant principalement avec des matériaux trouvés, tout en valorisant la texture et la transformation.1
Dans cette entrevue, Jade discute de l’origine de sa passion pour la couture, de la manière dont les détails, la musique et les films l’inspirent, ainsi que de son expérience aux Pays-Bas.
Q: Qu’est-ce qui a déclenché ta passion pour le textile et pourquoi t’es-tu tournée vers l'industrie de la mode?
R: Ça a toujours un peu été une évidence. J'ai toujours aimé m'exprimer avec les vêtements. Je fais de la couture depuis que j'ai dix ans. Mon père est un artiste. On dirait qu'il me fallait un échappatoire créatif. Quand j'étais jeune, j'ai choisi la couture et c'est resté.
Q: Pourquoi avoir choisi la couture? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans ta famille qui était dans ce domaine?
R: C’est drôle, mais c'était dans les magazines Fille et Cool, il y avait plusieurs tutoriels. J’ai toujours aimé faire des bricolages et il y avait un bricolage pour faire un sac à main avec un vieux t-shirt. Je l’ai fait à la main. C’est mon père qui m’a montré à coudre à la main. La société nous dit que c'est les femmes qui cousent donc quand j'étais petite et que mes toutous brisaient, je les donnais à ma mère. Ma mère ne les réparait pas et après trois semaines, mon père finissait par le faire. J’ai donc appris que c’est mon père qui coud. Puis quand j'ai gradué du primaire, mes parents m'ont acheté une machine à coudre domestique. C'est devenu une tradition. Quand j'ai gradué du cégep en design de mode, ils m'ont acheté une machine industrielle.
“C’est mon père qui m’a montré à coudre à la main.
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Q: Je serais intéressée d’en apprendre davantage sur tes influences. Je serais aussi curieuse de savoir si tu as des inspirations qui ne sont pas reliées à la mode directement (film, décor, musique...).
R: Je peux trouver certains détails et coupes de vêtements intéressants. J’ai un réel plaisir à comprendre comment quelque chose a été fait, regarder des vêtements haut de gamme, voir leurs finitions, etc. Il faut être ingénieux pour trouver une façon simple et avec de belles finitions de faire un design innovateur. Ce qui m’inspire le plus c’est les artistes visuels/conceptuels, les artistes qui créent leurs propres univers. Je pense qu’en tant qu’artiste, il faut raffiner notre idée du beau. C’est ce qui crée notre esthétique, notre univers. Puis lorsque je crée, je suis en recherche du beau. J’aime les contrastes. Je pense que mes créations me ressemblent. La douceur me vient naturellement, mais plus je mature, plus j’ajoute un edge, une durceur pour venir balancer et soutenir cette douceur. Je trouve la dualité vraiment intéressante.
J’aime beaucoup les films, j’ai toujours consommé beaucoup ce média. Encore une fois, j’aime l'idée de concevoir un univers. Je peux être vraiment moved et inspirée par la photographie et juste l’ambiance d’un film ou d’une série. Bien sûr, c’est un plus quand les costumes sont épiques et tu vois clairement que beaucoup d’effort a été mis dans la conceptualisation. J’aimerais mener un tel projet un jour.
Et la musique of course! Je suis entourée par beaucoup de musiciens. J’aime la culture de band, de créer quelque chose ensemble, l’idée d’un groupe, on amène tous quelque chose de différent, notre spécialité et on crée de quoi de plus grand que nous, qu'on n’aurait pas pu faire seul. En musique, il est aussi très important pour les artistes de montrer leur univers au public. Les vêtements et costumes aident beaucoup avec ça. C’est pourquoi j’aime vraiment collaborer avec des musiciens.
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Q: Tu as déménagé aux Pays-Bas, où tu as travaillé comme assistante-designer. De quelle façon cette expérience a-t-elle affectée ton travail?
R: Je suis allé aux Pays-Bas, car pendant mes études j'avais fait un stage à Berlin où j'ai rencontré un Allemand. Quand j'ai fini mes études, j'ai déménagé aux Pays-Bas avec cet homme en question. Je venais de finir l'école et je voulais vivre une aventure. J'étais tanné de work my ass off. J'avais besoin d'un break. En même temps, je trouve que dès qu'on finit l'école, on veut se prouver et prouver aux autres qu'on mérite notre place dans l’industrie. Je ne voulais pas être quelqu'un qui gradue, mais qui se ne trouve jamais de travail dans le domaine. J'étais tellement concentrée à me trouver un travail dans le domaine.
En plus, j'étais dans un pays où je ne parlais pas la langue donc je n’y arrivais pas. Je voulais quand même me faire un nom et avoir de l'expérience donc j'ai commencé à assister une designer. Au début, c'était un stage pas payé. J’y allais deux fois par semaine. C’était le fun. J’ai appris de cette expérience. Je suis resté là-bas deux ans. Après, j’ai commencé à faire des petits contrats à la pige, un peu comme ce que je fais maintenant. Je commençais. Mais on dirait que comme j’étais tellement focus sur vouloir un emploi dans le domaine, je ne voyais pas que c'était cool qu’est-ce que je faisais à la pige. Il fallait que je le vive. Je suis retourné à Montréal. Je me suis trouvé un travail dans l’industrie et j’ai réalisé que je n’aimais pas ça donc je suis retourné à la pige. Le 9 à 5 ça ne me convient pas vraiment. J’avais une créativité que j’avais besoin d'extérioriser.
Jade Simard sur Instagram: @textilehustler
1. Jade Simard, https://jadesimard.com/about.
Photos avec l’autorisation de l’artiste.
Dans cette entrevue, Jade discute de l’origine de sa passion pour la couture, de la manière dont les détails, la musique et les films l’inspirent, ainsi que de son expérience aux Pays-Bas.
Q: Qu’est-ce qui a déclenché ta passion pour le textile et pourquoi t’es-tu tournée vers l'industrie de la mode?
R: Ça a toujours un peu été une évidence. J'ai toujours aimé m'exprimer avec les vêtements. Je fais de la couture depuis que j'ai dix ans. Mon père est un artiste. On dirait qu'il me fallait un échappatoire créatif. Quand j'étais jeune, j'ai choisi la couture et c'est resté.
Q: Pourquoi avoir choisi la couture? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans ta famille qui était dans ce domaine?
R: C’est drôle, mais c'était dans les magazines Fille et Cool, il y avait plusieurs tutoriels. J’ai toujours aimé faire des bricolages et il y avait un bricolage pour faire un sac à main avec un vieux t-shirt. Je l’ai fait à la main. C’est mon père qui m’a montré à coudre à la main. La société nous dit que c'est les femmes qui cousent donc quand j'étais petite et que mes toutous brisaient, je les donnais à ma mère. Ma mère ne les réparait pas et après trois semaines, mon père finissait par le faire. J’ai donc appris que c’est mon père qui coud. Puis quand j'ai gradué du primaire, mes parents m'ont acheté une machine à coudre domestique. C'est devenu une tradition. Quand j'ai gradué du cégep en design de mode, ils m'ont acheté une machine industrielle.
“C’est mon père qui m’a montré à coudre à la main.
La société nous dit que c'est les femmes qui cousent donc quand j'étais petite et que mes toutous brisaient, je les donnais à ma mère. Ma mère ne les réparait pas et après trois semaines, mon père finissait par le faire.”
R: Je peux trouver certains détails et coupes de vêtements intéressants. J’ai un réel plaisir à comprendre comment quelque chose a été fait, regarder des vêtements haut de gamme, voir leurs finitions, etc. Il faut être ingénieux pour trouver une façon simple et avec de belles finitions de faire un design innovateur. Ce qui m’inspire le plus c’est les artistes visuels/conceptuels, les artistes qui créent leurs propres univers. Je pense qu’en tant qu’artiste, il faut raffiner notre idée du beau. C’est ce qui crée notre esthétique, notre univers. Puis lorsque je crée, je suis en recherche du beau. J’aime les contrastes. Je pense que mes créations me ressemblent. La douceur me vient naturellement, mais plus je mature, plus j’ajoute un edge, une durceur pour venir balancer et soutenir cette douceur. Je trouve la dualité vraiment intéressante.
“Je pense que mes créations me ressemblent. La douceur me vient naturellement, mais plus je mature, plus j’ajoute un edge, une durceur pour venir balancer et soutenir cette douceur. Je trouve la dualité vraiment intéressante.”
“Je pense que mes créations me ressemblent. La douceur me vient naturellement, mais plus je mature, plus j’ajoute un edge, une durceur pour venir balancer et soutenir cette douceur. Je trouve la dualité vraiment intéressante.”
J’aime beaucoup les films, j’ai toujours consommé beaucoup ce média. Encore une fois, j’aime l'idée de concevoir un univers. Je peux être vraiment moved et inspirée par la photographie et juste l’ambiance d’un film ou d’une série. Bien sûr, c’est un plus quand les costumes sont épiques et tu vois clairement que beaucoup d’effort a été mis dans la conceptualisation. J’aimerais mener un tel projet un jour.
Et la musique of course! Je suis entourée par beaucoup de musiciens. J’aime la culture de band, de créer quelque chose ensemble, l’idée d’un groupe, on amène tous quelque chose de différent, notre spécialité et on crée de quoi de plus grand que nous, qu'on n’aurait pas pu faire seul. En musique, il est aussi très important pour les artistes de montrer leur univers au public. Les vêtements et costumes aident beaucoup avec ça. C’est pourquoi j’aime vraiment collaborer avec des musiciens.
Q: Tu as déménagé aux Pays-Bas, où tu as travaillé comme assistante-designer. De quelle façon cette expérience a-t-elle affectée ton travail?
R: Je suis allé aux Pays-Bas, car pendant mes études j'avais fait un stage à Berlin où j'ai rencontré un Allemand. Quand j'ai fini mes études, j'ai déménagé aux Pays-Bas avec cet homme en question. Je venais de finir l'école et je voulais vivre une aventure. J'étais tanné de work my ass off. J'avais besoin d'un break. En même temps, je trouve que dès qu'on finit l'école, on veut se prouver et prouver aux autres qu'on mérite notre place dans l’industrie. Je ne voulais pas être quelqu'un qui gradue, mais qui se ne trouve jamais de travail dans le domaine. J'étais tellement concentrée à me trouver un travail dans le domaine.
En plus, j'étais dans un pays où je ne parlais pas la langue donc je n’y arrivais pas. Je voulais quand même me faire un nom et avoir de l'expérience donc j'ai commencé à assister une designer. Au début, c'était un stage pas payé. J’y allais deux fois par semaine. C’était le fun. J’ai appris de cette expérience. Je suis resté là-bas deux ans. Après, j’ai commencé à faire des petits contrats à la pige, un peu comme ce que je fais maintenant. Je commençais. Mais on dirait que comme j’étais tellement focus sur vouloir un emploi dans le domaine, je ne voyais pas que c'était cool qu’est-ce que je faisais à la pige. Il fallait que je le vive. Je suis retourné à Montréal. Je me suis trouvé un travail dans l’industrie et j’ai réalisé que je n’aimais pas ça donc je suis retourné à la pige. Le 9 à 5 ça ne me convient pas vraiment. J’avais une créativité que j’avais besoin d'extérioriser.
Jade Simard sur Instagram: @textilehustler
1. Jade Simard, https://jadesimard.com/about.
Photos avec l’autorisation de l’artiste.
